logo comité d'entretien des sépultures orthodoxes russes

Listes des autres pages carres

Le carré civil des chauffeurs de taxi

Dans les années 30, il y avait plus de trois mille chauffeurs de taxi russes sillonnant les rues parisiennes, dit André Korliakov, dans son livre sur l’immigration russe en France. Ils firent longtemps partie du folklore de la capitale. Jusqu’en 1938, il n’existe ni conventions, ni numérus clausus dans la profession. A condition de savoir conduire, chacun peut donc travailler dans une compagnie de taxis.

Militaires, aristocrates et cosaques obtiennent aisément leur permis. Il y avait de nombreux officiers supérieurs de la garde impériale. Ils avaient une excellente éducation, mais leur seule profession était la guerre. Or, ils savaient conduire, certains même avaient participé à des rallyes. C’est pourquoi ils se firent chauffeurs de taxi. Ils devinrent des professionnels consciencieux. « Pour mieux connaître les rues de Paris, raconte André Korliakov, ils avaient construit la maquette de la capitale en plâtre, sur une terrasse, avec toutes les artères. Ils apprenaient les itinéraires en faisant circuler de petites voitures. »

Le métier offre de sérieux avantages : ce n’est pas un travail de fonctionnaire, des horaires souples permettent de mener parallèlement une activité politique et d’assister, à toute heure du jour et de la nuit aux réunions destinées à « sauver la Russie » des bolchéviks… des rencontres extraordinaires donnent parfois à l’émigré le « sentiment tragique de la vie » : anciennes connaissances retrouvées au hasard d’une course, hommes politiques que l’on cherche à influencer, millionnaires dont on attend des miracles pour la bonne cause…

Dans les années 50, il y avait encore plus de sept cents taxis russes dont la moyenne d’âge frisait les soixante-cinq ans. Le dernier a pris sa retraite dans les années 70. Jusqu’à quatre-vingt-douze ans, il avait satisfait aux exigences de la visite médicale obligatoire !