Georgette (Tamara) Trefert Orobchenko
Georgette est née dans le Morbihan près de Lorient. Elle n’a pas connu son père Georges qui courtisait sa mère Jeanne et que la famille de celle-ci connaissait bien. Mais un jour, Georges s’est embarqué sur un navire pour faire le tour du monde avant la naissance de leur fille et n’est jamais revenu. Jeanne a donné à celle-ci, tout naturellement, le prénom de Georg….ette.
Georgette a donc été élevée par sa mère dans des conditions matérielles difficiles. Pendant la guerre, dans la période 1939-1940, celle-ci l’a envoyée dans un pensionnat près de Dijon, à l’abbaye désaffectée de la Buissière-sur-Ouche. Ce pensionnat permettait aux jeunes filles de poursuivre leurs études et, en parallèle, d’apprendre à « tenir une maison » (c’était une génération où les femmes restaient souvent à la maison pour s’occuper de leur famille). C’est ainsi que Georgette a appris, notamment, à faire la cuisine et qu’elle est devenue une excellente cuisinière.
En raison de ce talent, on lui a confié de s’occuper du service de « Monsieur le curé » de l’église voisine. Georgette n’était pas baptisée. Après deux années de préparation avec ce prêtre remarquable dont elle a conservé un souvenir ému, elle a été baptisée la nuit de Noël 1944, à l’âge de 17 ans. Elle racontait volontiers qu’« hormis la naissance de ses deux filles, c’était le plus beau souvenir de sa vie ».
A l’âge de 22 ans, Georgette est venue à Paris pour s’occuper d’enfants dans plusieurs familles bourgeoises. En 1949, elle a participé au bal du 14 juillet avec une amie. Elle y fait la connaissance d’un jeune homme d’origine russe, Igor. Ils se sont mariés l’année suivante, en avril 1950. Leur mariage a été célébré dans l’église Saint-Serge. Lors de son mariage, Georgette est entrée dans l’Eglise orthodoxe.
Georgette ne parlait pas le russe - elle disait que « les bretonnes ont la tête bien trop dure pour apprendre une autre langue ! » - mais elle a tout fait pour s’intégrer rapidement dans sa nouvelle famille et pour s’imprégner de la culture russe : elle participait, avec Igor, aux offices de la paroisse russe de Clichy ; elle apprenait la cuisine russe ; elle chantait en russe et même en slavon.
En effet, elle a chanté, avec son époux Igor, dans plusieurs chorales russes, à Paris, ainsi que dans le chœur de la paroisse d’Asnières sous la direction de Kirill Vassilieff.
Comme elle rencontrait de nombreux amis russes et pour mieux s’intégrer, Georgette a éprouvé le vif désir de porter un prénom slave. Elle a choisi celui de « Tamara », prénom sous lequel la plupart de ses amis la connaissaient. Plusieurs d’entre eux ont prétendu qu’elle avait choisi simplement ce prénom parce qu’elle préparait toujours un excellent « tarama » !
Après avoir travaillé plusieurs années comme secrétaire, Georgette-Tamara s’est pleinement consacrée à l’éducation de ses deux filles, Natalia et Irina, pour lesquelles elle a été une tendre maman, toujours à l’écoute et pleine d’amour. Par la suite, elle a participé également à l’éducation de ses trois petits fils qu’elle adorait : Adrian, Timothée et Alexeï. Elle a eu la chance de connaître et de s’attacher à ses trois premiers arrière-petits-enfants : Aurore, Solveig, et Dimitri. Elle en était profondément reconnaissante envers le Seigneur.
Elle a été une « compagne de route » remarquable et précieuse pour son époux Igor, en étant toujours à ses côtés dans les très nombreuses activités que celui-ci exerçait : elle l’aidait, l’encourageait et l’accompagnait, tout en restant discrète …
Lorsqu’Igor l’a quittée, ils comptaient 72 années de mariage. Georgette-Tamara l’a rejoint au ciel, au bout de presque 3 ans. Elle avait été placée dans une maison de retraite médicalisée à Asnières, en janvier 2025, car elle ne pouvait plus rester seule dans son appartement à Clichy et que sa santé déclinait lentement.
Jamais Georgette-Tamara ne s’est plainte. Elle disait toujours qu’elle irait mieux le lendemain ! Elle a montré un courage exemplaire durant ses dernières semaines, au cours de sa quatre-vingt-dix-neuvième année.